Artiste Franco-Polonaise née en 1975, à quitté Paris pour se rapprocher de la Nature en 2018. Réside aujourd'hui dans les Pyrénées Orientales.
La peinture est mon mode d’expression sensible. Après des études lettres/Arts au Mans, un passage aux Beaux Arts de Rennes et un cursus dans la fonderie d’art du loir avec Patrice Ruillard; j’ai poursuivi à Paris avec la peinture décorative pour garder un pieds dans l'Art en étant maman.
Mon parcours de vie m'a mené vers l'engagement pour accompagner l’être en souffrance. En parallèle j'ai donc entrepris des études en art thérapie en 2012. Ce parcours fût un tremplin vers l’abstraction
«Je tente de poser sur la toile cet impalpable mouvement qui anime nos âmes".
Le geste et le souffle doivent rester harmonieux pour que la trace puisse prendre vie.
J’essaye de traduire les rythmes de nos musiques intérieurs dans leurs murmurations subtiles.
La ligne est devenue comme un rituel, un point de départ qui soutient, comme une portée musicale; c’est un accent de passage vers un nouveau langage:
Une écriture émotionnelle.
Cet espace est une invitation à se poser un instant, à faire silence.
S’approprier ce qui vient ne peut se faire dans le vacarme intérieur.
Contempler, c’est être en présence de cette quiétude qui émane du silence.
Dans ce processus créatif du « laisser venir » je me maintiens dans l’acte de peindre,
attentive à ce qui vient, gardienne de ce qui est déjà là.
Je m’imprègne des résonances et vibrations des couleurs pour qu’elles puissent co-exister et créer leurs trajectoires: elles s’affrontent alors et se repoussent, s’ échappent et se dissipent ou de manière subtile et sensuelle, par endroit, se frôlent, s’entrechoquent pour s’appeler et s’entremêlent...puis se chevauchent pour décider de s’unir dans un nouvel alliage.
Mes toiles se construisent petit à petit en strates successives comme des couches sédimentaires ; les couleurs se posent les unes avec les autres, et laissent rejaillir des profondeurs les teintes sourdes et lumineuses. Mon souffle s’unit à la trace.
Rendre figurable ce qui m’appelle au travers de la trace, vigoureuse ou effacée ; donnant le poids au trait qui modèle. Le pinceau est le prolongement de mon expression et le choix de celui-ci accompagne l’instantanéité du trait qui m’émeut de manière singulière.
J’amorce un mouvement et le rythme m’emporte. Je me laisse prendre par son élan, comme une danse ou je trouve le rythme qui l’accorde à mon pas, sa respiration.
La ligne horizontale interroge cette nécessité de savoir s’arrêter, et se poser un instant.
Contempler, c’est être en présence pour entendre l’autre humblement.
Mes Horizons, ces « Paysages Intimes » reviennent comme une chanson. Variations de l’intime, fil de ma pulsation, rythme depuis 2003 comme une Ode à la fragile beauté de la nature qui nous entoure et dont nous faisons si intimement partie.
Au fil de mon parcours artistique, de mes lectures, j’ai pu relier mes recherches à d’autres comme un socle qui me pose encore mieux dans ma terre.
Artistes, musiciens et écrivains, Hommes qui cherchent à se relier à cette profonde beauté donnent la joie d’avancer encore et encore.
Je ne citerais que François Cheng qui par ses «méditations sur la beauté» m’a aidé à traverser mes déserts quand la raison de peindre venait à se tarir; mais tant d’autres penseurs aussi avec qui je me sens au diapason, me renforcent dans mes aspirations pour maintenir ce fil de la création.
J'espère un lendemain où notre monde regardera un même horizon en paix, ensemble. »
Merci à Aurélia Cassigneul-Ojeda, écrivain, pour son texte en lien à mon travail d'atelier.
Le ruisseau cabriole sur les cailloux, ricoche, rebondit, kaléidoscope de couleurs, écume et
fantaisie. Dans le jardin l’air est calme, les abeilles à leur affaire bourdonnent et les fleurs
s’épanouissent ; bleu, rose et rouge bataillent et s’harmonisent, les riches feuillaisons ont un air
d’opulence.
Par la porte de bois passe une musique. Ancienne, lancinante, les notes claires s’allongent, se
répètent, une basse s’obstine.
L’artiste est là qui peint. Dans l’atelier inondé de clarté, face à son chevalet, elle se tient debout,
ses longs cheveux dans un chignon ramassés, les mains prises, éprises de la peinture.
Au rythme des rondos ses doigts sur la toile martèlent les couleurs. Tam tam doux ou fiévreux,
notes aiguës ou accords sombres. Que la cadence s’accélère et la toile prend vie. Vagues ou
rides, houle large ou calme plat, le bleu enfle et retombe et les doigts habités y jettent des
ponctuations, ici d’un reflet rouge, ailleurs d’une lueur d’argent.
Trilles, silence ou double croches les doigts subtils suivent. Une main sert de palette et l’autre de
pinceau. Dans la musique l’artiste s’immerge et traduit en couleurs, mouvements, oscillements les
cadences d’antan.
Sur la toile tout respire, les bleus se décolorent, une lumière passe qui enflamme une vague ou
serait-ce le ciel? Épaisseur d’atmosphère? Où est-on? Entrons donc dans la transe, l’artiste nous y
invite! Avec elle entendons les soupirs langoureux de la viole de gamme, les notes aiguisées et
tendres de l’épinette.
La toile se fait voyage qui nous transporte comme une mer, de flamboyances en espaces de paix,
d’emballements soudains en plages de transparences. Sur la matière liquide en silence voguons.
Et puis sans faire un bruit retirons nous. Le tam tam des doigts lentement bat la toile, dans le jardin
tranquille la lumière se tamise, les verts s’alanguissent jusqu’au ruisseau enfin, qui dans sa joie de
vivre, agite ses transparences.
Aurélia Cassigneul-Ojeda